Les remparts de Lyon

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Enceintes présumées – Reynaud 1998

La cité de Lugdunum fut fondée sur la colline qui prendra le nom de Fourvière. Ses quartiers ont occupé tout l’espace de cette colline en s’étendant jusqu’à Saint Just, Loyasse et La Sarra. Dès l’Antiquité, une enceinte aurait protégé toute cette surface, même si son tracé global n’est pas tout à fait avéré; les opérations d’archéologie préventive permettent néanmoins d’améliorer la connaissance de l’enceinte antique. Il semble réaliste que le privilège d’avoir une enceinte ait été octroyé à Lyon, de par son statut de colonie romaine, à l’instar de Nîmes, par exemple. De même, certains indices textuels laissent supposer l’existence d’une muraille protectrice : par exemple Grégoire de Tours, en parlant de l’église Saint-Irénée, la situe « à proximité extérieure des murs« . Mais le relief très particulier de Lyon et la présence de deux cours d’eau majeurs rend difficile la restitution possible de l’enceinte…

Découvertes marquantes ces dernières années, les fouilles de la place Abbé Larue en 2012 et 2014 ont permis de mettre  au jour des restes d’une muraille  défensive gallo romaine comprenant un solide mur de 1,9 m d’epaiseur ainsi que les restes d’une tour.

Encore plus étonnant, les fouilles de la place Abbé Larue révélèrent la présence plus ancienne d’un ouvrage de défense gaulois : le murus gallicus. Ce type d’ouvrage défensif gaulois est généralement lié à la présence un oppidum : le secteur des Farges aurait-il donc été occupé de manière significative avant même la création de Lugdunum en 43 av. J.C.? La vocation défensive de ce lieu semble donc avoir traversé le temps, puisque l’enceinte du XIX ème siècle était encore sensiblement au même emplacement…

L’enceinte médiévale

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Tracé schématique, en 1350 (d’après G.Gardes, 1988)

Un argument supplémentaire plaide en faveur de l’existence de l’enceinte antique citée ci-dessus : le tracé de l’enceinte médiévale est totalement aberrant par rapport à l’étendue de la ville du Moyen-Age. En effet, durant la période médiévale, l’enceinte fait le pourtour de la colline de Fourvière alors que les quartiers se concentrent désormais en contrebas, de part et d’autre de la Saône. On peut donc présumer que le tracé de l’enceinte médiévale aurait repris pour l’essentiel les éléments des remparts antiques, par souci d’économie. Deux quartiers extérieurs à la ville, constitués autour de leur église, possédaient également leurs propres enceintes : Saint-Just et Saint-Irénée. De très rares vestiges subsistent de l’ensemble de ces remparts médiévaux qui furent détruits en 1793.

Un mur de protection à Saint-Jean, au IVème siècle

Les fouilles dans l’actuel parc archéologique, à côté de la cathédrale, ont mis à jour sur plusieurs mètres un mur épais qui daterait du IVème siècle. Dès l’époque paléochrétienne, celui-ci aurait pu servir de rempart afin de protéger les établissements religieux naissants et le nouveau centre de la cité qui se substitue à la ville haute. Ces vestiges sont d’autant plus intéressants qu’à la base du mur dégagé, il a été utilisé en réemploi des blocs massifs provenant du sanctuaire fédéral des Trois Gaules. Ceci illustre bien pourquoi de nombreux édifices gallo-romains ne sont pas parvenus jusqu’à nous, même sous forme de ruines. En effet, avec l’abandon progressif des anciens édifices romains et l’évolution de la cité, les nouvelles générations n’ont eu qu’à puiser dans ces bâtiments, avec à leur disposition nombre de pierres de qualité, déjà taillées et quasiment prêtes à l’emploi !

Le Cloitre Saint-Jean, au Moyen Age

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Le Grand Cloître Saint-Jean au XVème siècle – Pacaut 1995

Au Moyen-Age, la vocation religieuse du site persiste. Une enceinte, toujours au niveau du quartier Saint-Jean, délimitait « le Grand Cloître de Saint-Jean » que l’on pourrait définir grossièrement par un carré délimité par les rues de la Bombarde, Tramassac et l’avenue Adolphe Max. Dans cette cité ecclésiastique fortifiée, se trouvaient les églises du groupe cathédral, le palais épiscopal, les installations du chapitre (dont la manécanterie) et des établissements de services (auditoire de justice de l’archevêque, auditoire de justice du comté).

Remparts contemporains

A partir de 1831 et jusqu’à 1850, un système défensif constitué de nouveaux remparts et de forts va être bâti tout autour de la ville, à l’initiative du général Rohault de Fleury. Sur la rive droite de la Saône, les forts de Saint-Irénée et de Loyasse témoignent de cette époque. Des éléments de l’enceinte reconnaissables à leur construction caractéristiques en pierres dorées se retrouvent aisément dans le quartier de Loyasse ou en descendant la rue de l’Observance puis le boulevard Saint-Exupéry jusqu’à Vaise. On peut également observer un autre partie de ces fortifications Montée du Télégraphe et depuis les quais de Saône.

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9 réflexions sur « Les remparts de Lyon »

  1. Yannick Poirier

    Les Remparts du XIXème siècle datent, selon les renseignements laissés à l’espace panoramique de Montessuy, à Caluire-et-Cuire, place Laurent Bonnevay, de 1830 à 1890, avec une partie datant de 1830 à 1870. Vous nous parlez de 1831 à 1850. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?
    Très Cordialement, Yannick Poirier.

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    1. admin Auteur de l’article

      Merci pour l’intérêt que vous portez à cette page. Lyon et sa région ont connu deux ceintures de fortifications au XIXème siècle. La première, dite Rohault de Fleury, a été établie à Lyon intramuros et ses communes immédiatement limitrophes à partir de 1831 (dont les forts de Caluire et de Montessuy) et prend fin en 1854 par la construction d’ouvrages secondaires (la redoute du Haut-Rhône à l’emplacement d’une des entrées actuelle du Parc de la Tête d’Or). C’est à cette première ceinture que fait référence mon article.
      La deuxième ceinture, dite Serré de Rivières, est beaucoup plus éloignée du fait de la modernisation grandissante de la portée de l’artillerie. Elle concerne l’implantation de forts et des batteries annexes dans un rayon d’une dizaine de kilomètres autour de Lyon (fort du Paillet à Dardilly, fort de Vancia à Rillieux, fort du Mont Verdun…). Les travaux de construction de cette deuxième ceinture s’échelonnent de 1871 à 1890.
      Pour plus de précisions, je vous conseille la lecture du livre consacré aux fortifications lyonnaises (Défenses de Lyon par François Dallemagne). Bien cordialement.

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  2. cornieux

    Bonjour,
    Je suis à la recherche de visites guidées sur le thème des forts de Lyon (enceinte Rohault de Fleury).
    Je fais partie de l’association ADPB (Association du Développement du Parc Blandan) et prépare une visite sur le parc en mutation (fort puis caserne puis parc…). J’aimerais visiter d’autres forts pour être plus à l’aise dans mes explications.
    Merci pour votre retour,

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    1. admin Auteur de l’article

      Bonjour, je vous répondrai plus en détail par e-mail, voici ce qui me vient immédiatement en tête :
      – fort de Vaise. Visite des souterrains assurée par l’OCRA : https://www.fondation-renaud.com/
      – fort Saint-Jean, (école du trésor public), visible pendant les journées du patrimoine (https://www.lesechos.fr/2001/04/a-lyon-le-fort-saint-jean-se-reconvertit-716725)

      Sinon, il faut se rabattre sur les forts Serré de Rivière un peu plus récents et hors Lyon intra muros :
      – batterie des carrières à Limonest (http://www.limonest-patrimoine.net/fr/
      – fort de Bron (https://www.fort-de-bron.fr/)
      – fort du Paillet à Dardilly
      – fort de Feyzin (journées du patrimoine)
      – fort du Bruissin à Francheville (https://culture.mairie-francheville69.fr/spectacles-de-saison-culturelle/au-fort-du-bruissin/)

      Bonnes visites!

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  3. patrick

    Bonjour,
    Merci pour toutes ses informations.
    Auriez vous des dates plus précises concernant la construction des murailles autour de chaque chapitre, de celle qui englobait les 3 chapitres, ainsi que la muraille batit à l’emplacement de l’actuel bd de la croix rousse ?
    Merci.
    Patrick

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    1. admin Auteur de l’article

      Bonjour, pour les fortifications des 3 chapitres (cloîtres de Saint-Jean, Saint-Irénée et Saint-Just) difficile de vous répondre. L’occupation médiévale succède à une occupation antique pour ces 3 sites. A Saint-Jean un groupe épiscopal primitif semble présent dès le IVeme siècle, associé à un puissant mur de protection encore en partie visible, parallèle à la Saône, dont on ne sait s’il préfigure l’enceinte médiévale (lien). La fortification le long de l’actuel BD de la Croix-Rouse est-elle sans doute beaucoup plus récente, se substituant définitivement aux fossés de la Lanterne (Terreaux) à partir des années 1512 (lien).

      Une synthèse sur ces diverses fortifications est par ailleurs disponible sur le site du musée d’histoire militaire.

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  4. patrick

    merci pour ce retour.
    le seul vestige du mur que je connaisse est celui situé rue tremassac, à gauche de la rue de la brèche en regardant la cathédrale.
    reste aussi ceux situé sur la colline, visible depuis la presqu’île.

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