Le site de Pierre-Scize est unique à Lyon. A cet endroit, la Saône s’est frayée un passage étroit entre les collines de Fourvière et de la Croix-Rousse. Les roches granitiques affleurent verticalement sur les deux berges en formant deux falaises abruptes.
Dès l’époque romaine, ce site qui verrouille l’entrée nord de la ville représente un axe de communication stratégique. Aussi, la légende dit le passage aurait été élargi par Agrippa de manière à assurer la viabilité de la voie, notamment par rapport aux crues régulières de la Saône. L’affleurement des roches sert également de carrière. La configuration du lieu se retrouve dans son toponyme : Pierre Scize = pierre coupée.
Le château
Jusqu’à la fin du XIIème s., l’archevêque vit dans son palais qui se situe au cœur du quartier épiscopal , à proximité de la cathédrale Saint-Jean.
Au XIème siècle, l’archevêque Humbert fait ériger une forteresse sur le promontoire, en rive droite du défilé de Pierre-Scize, que son successeur Renaud de Forez (1193-1226) fait agrandir et qui devient la demeure permanente de l’évêque. C’est un choix judicieux car ce site surplombe l’entrée nord de la ville et contrôle l’axe de navigation très fréquenté de la Saône. L’évêque assoit ainsi symboliquement et matériellement son pouvoir sur la cité, tout en se mettant à l’abri d’éventuelles rebellions. Le château comprenait un donjon circulaire, à l’image des château féodaux classiques. Les fortifications de la ville rejoignent le château en l’intégrant ainsi dans le système défensif de la cité, comme l’illustre le plan de Lyon de Delamonce au XVIIIème siècle.
Le site devient par la suite une prison d’Etat. Investi en 1789, il est détruit en 1793 avec le reste des fortifications de la ville. Des propriétés privées occupent aujourd’hui cet emplacement en hauteur.
L’Homme de la Roche
Au pied des falaises, une petite grotte abrite une statue que les lyonnais apellent l’Homme de la Roche. Cette statue représenterait Jean Kleberger (ou Jean Cléberg), un banquier allemand de la Renaissance. Devenu riche, il aurait même été un banquier de François Ier. Lors de la disette de 1531 qui sévit à Lyon, il fait don à la Ville de 500 livres, et prend ainsi le surnom du « bon Allemand ». A sa mort, ce lyonnais d’adoption conserve en effet la réputation justifiée de philanthrope et l’affection des lyonnais qui lui érigent cette statue.