A l’instar du Vieux-Lyon, les pentes de la Croix-Rousse regorgent de traboules, ces passages piétons lyonnais faisant communiquer entre eux les corps de bâtiments et les cours d’immeubles. La traboule des Droits de l’Homme, ici décrite, est à deux pas de la place des Terreaux dans le 1er arrondissement de Lyon. Elle débute au n°7 rue Puits Gaillot, une rue longeant l’Hôtel de Ville, pour ressortir un peu plus haut, au n° 4 de la rue Désirée.
Un immeuble du XVIIIème siècle pourvu de deux cours intérieures
Cette traboule traverse un ensemble d’immeubles de rapport du XVIIIème siècle. Caractéristique du XIXème siècle, l’immeuble de rapport est en effet apparu au siècle précédent. Aussi appelé « immeuble à loyer », il était destiné à loger plusieurs familles et procurait un revenu confortable à son propriétaire. Il a donc accompagné la poussée démographique des grandes villes.
Les deux cours intérieures parcourues par la traboule sont de niveaux différents pour s’adapter à la déclivité du bas des pentes de la Croix-Rousse. Ces cours sont reliées entre elles au niveau du bâtiment central par un escalier couvert. Les allées sont voutées d’arêtes. Les deux escaliers desservant les étages sont droits à retour, avec des paliers en loggias voutées d’arêtes.
Au cheval d’argent 1743
Ce bel ensemble homogène et restauré date du XVIII° siècle, période à laquelle le secteur des bas des Pentes subit une mutation importante. Les fenêtres et balcons de la façade côté rue Puits Gaillot sont ornés de belles ferronneries. Toujours en façade rue Puits Gaillot, une inscription accompagnée de la représentation d’un fringant destrier est présente permettant la datation de l’édifice : « Au cheval d’argent 1743 ». On ignore malheureusement s’il s’agit d’une enseigne et à quelle activité elle pouvait correspondre.
Les façades et les murs extérieurs sont enduits, mais dans les deux cours et escaliers de nombreuses pierres de tailles sont visibles dans les angles et les parties saillantes de la construction. Cette pierre grise, à gryphées, est originaire de nord de Lyon (Mont d’Or). De nombreuses marques de tailleurs de pierre sont visibles, les plus remarquables, signées « LL », accompagnée du numéro d’agencement de chaque élément, étant présentes sur un arc à claveaux en pierres dorées au fond de la cour inférieure.
Les Droits de l’Homme
Cette traboule est surnommée « traboule des Droits de l’Homme » depuis qu’un dissident chinois, Wei Jingsheng, a utilisé un des balcons du journal Lyon Capitale, alors situé en face de la mairie pour haranguer le numéro 1 chinois Jiang Zemin en visite à Lyon en octobre 1999.
Pour déjouer les services de police et les Renseignements généraux, Wei Jingsheng avait alors emprunté une traboule, visiblement inconnue des forces de l’ordre. La traboule a ensuite été symboliquement baptisée « traboule des droits de l’homme » (une plaque est toujours visible sur la façade du n°7 rue Puits-Gaillot, Lyon 1er).
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